(source : PBI Honduras)
En mars dernier, l’État du Honduras a annoncé que, sur les 223 recommandations reçues dans le cadre de l’Examen Périodique Universel (EPU1) de novembre 2020, il accepte celles qui concernent la protection des personnes qui défendent les Droits Humains (203 recommandations). Cependant, 20 des recommandations sont annotées (l’État les considère mais ne s’engage pas), parmi lesquelles celles qui font référence à la Mission de Soutien à la Lutte contre la Corruption et l’Impunité au Honduras, à la ratification de l’accord d’Escazú et aux droits sexuels et reproductifs, entre autres.
Préocupations pour la situation de la communauté LGTBIQ+
En ce qui concerne précisément la protection de la communauté LGTBIQ+ au Honduras, au moins 19 États ont recommandé à l’État hondurien de lutter contre la discrimination à l’égard de ce groupe (par le biais de la législation et de l’éducation) afin de contribuer à prévenir les attaques, ainsi que l’impunité ou l’absence d’enquête entourant les cas d’attaques à leur encontre.
Lors d’un événement facilité par PBI et avec la participation d’organisations de diversité sexuelle, du Corps Diplomatique et d’autres autorités internationales, l’Association LGTB Arcoiris reconnaît l’importance de l’accompagnement des ambassades et la nécessité de promouvoir « la volonté politique de générer des mesures de protection, la mise en œuvre de plans de sécurité, la sécurité numérique, la protection personnelle et le soutien psychosocial ». De même, a été soulignée l’absence de progrès significatifs pour l’approbation d’une loi sur l’identité sexuelle, l’égalité du mariage et une loi contre la discrimination. Selon les données de l’Observatoire de Morts Violentes de LGTBIQ du réseau « Red Lésbica Cattrachas », entre 2015 et 2020, au moins 173 personnes issues de la diversité sexuelle ont été tuées au Honduras.
Mécanisme national de protection
Lors de l’EPU de novembre dernier, l’une des avancées les plus applaudies a été la création du mécanisme national de protection, dérivé de la loi sur la protection nationale, qui a vu le jour en 2015 dans le cadre du suivi des recommandations formulées lors du précédent cycle de l’EPU. Toutefois, cinq ans plus tard, des pays tels que l’Allemagne, l’Espagne, la Grèce, l’Irlande, le Japon, les Pays-Bas, la Norvège et le Portugal, ont à nouveau fait référence à cet organe, recommandant d’améliorer son efficacité, de lui fournir davantage de ressources et d’associer la société civile à la prise de décision.
Sur les plus de 550 demandes de mesures de protection reçues par le Mécanisme, 183 dossiers restent actuellement actifs, dont près des trois quarts concernent des personnes qui défendent les Droits Humains. Parmi les principales lacunes identifiées par les personnes et organisations bénéficiaires figurent l’absence d’une approche préventive et d’enquête ainsi que le recours excessif aux mesures policières ou d’infrastructures, le manque de connaissances des officiers de liaison de la police eux-mêmes, le manque de réactivité des agents et une attitude machiste qui génère malaise et insécurité.
Une autre tendance négative signalée par les organisations bénéficiaires est le manque de confiance envers les autorités. De fait, il existe de nombreuses personnes défenseures qui, malgré la gravité de leur situation en matière de sécurité, refusent de se manifester pour demander des mesures de protection par crainte de partager des informations sensibles avec le Mécanisme et la police. « Comment allons-nous demander la protection des mêmes personnes qui nous attaquent ? », se justifient-elles. Le Réseau National des Femmes Défenseures des Droits Humains dénonce le fait que quatre attaques sur dix contre des femmes défenseures sont commises par des membres de la police.
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1 - Pour en savoir plus sur le mécanisme de l’EPU, voir https://www.ohchr.org/fr/hrbodies/upr/pages/uprmain.aspx