A l’occasion de la journée internationale des victimes de disparitions forcées, PBI souligne les défis auxquels les victimes de disparitions forcées doivent faire face et célèbre leur combat en faveur de la justice.
La disparition forcée est reconnue comme un crime contre l’humanité, aux effets dévastateurs sur les victimes, leurs familles et des communautés entières. Les disparitions forcées ne sont pas seulement une caractéristique des dictatures passées, mais une pratique qui se perpétue dans les cinq pays où PBI travaille.
Kenya : Exécutions extrajudiciaires et disparitions dans les bidonvilles de Nairobi
Le 23 juin 2016, Willie Kimani, Josephat Mwenda, et Jospeh Muiruri ont disparu alors qu’ils revenaient d’un rendez-vous à la Cour. Leurs corps ont été retrouvés une semaine plus tard dans une rivière, avec des stigmates de torture. Willie Kimani était un avocat des droits humains travaillant auprès de la Mission internationale de Justice. Le 18 juillet 2016, quatre policiers ont été accusés de l’assassinat des trois victimes. Des organisations kenyanes partenaires de PBI comme le Centre de justice sociale de Mathare (MSJC), soulignent la systématisation des exécutions extrajudiciaires commises par les forces de police kenyane. L’Unité indépendante médico-légale a enregistré 97 cas seulement en 2015, chiffre sans doute sous-estimé, compte tenu de l’absence de rapports.
PBI Kenya travaille en étroite collaboration avec des défenseurs des droits humains des quartiers défavorisés de Nairobi travaillant sur les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées commises par la police dans les bidonvilles de Nairobi. L’une des défenseures que nous accompagnons, Ruth Mumbi, a perdu son beau-frère Stephen Gichuru Mwihaki dans une exécution extrajudiciaire en mai 2015 ; Stephen avait seulement 17 ans. MSJC est en train de mettre en place une campagne pour documenter et faire connaître les exécutions extrajudiciaires.
Colombie : Le harcèlement et les menaces à l’encontre des familles de disparus qui demandent justice
Andrea Torres Bautista est un avocat colombien et défenseur des droits humains, membre de l’organisation des droits humains Fundación Nydia Erika Bautista (FNEB). La tante de Andrea, Nydia Erika, a disparu en 1987 et depuis, Andrea mène un combat pour que justice soit faite et est devenue la représentante légale de nombreuses autres victimes de disparitions forcées. Elle doit faire face à de nombreuses menaces et harcèlement pour son travail. En 2016, PBI Colombie a réalisé « La robe blanche », un roman graphique retraçant l’histoire de Nydia Erika Bautista et la lutte de sa famille pour la justice. PBI fournit un accompagnement protecteur à Andrea Torres Bautista et aux victimes qu’elle représente.
Guatemala: Briser le mur de l’impunité dans les zones marquées par le conflit armé
Plus de 45.000 personnes ont disparu au cours des 36 années de conflit armé au Guatemala. Le 31 août 2016 marque les sept ans de la condamnation historique de Felipe Cusanero Coj à 150 ans de prison pour le crime de disparition forcée, marquant un tournant pour la justice transitionnelle au Guatemala. Des cas de disparition forcée durant le conflit armée sont toujours en cours à l’heure actuelle, notamment le cas de Theissen Molina et CREOMPAZ, décrit comme le plus grand cas de disparition forcée d’Amérique latine.
PBI a observé le procès et a fourni un accompagnement protecteur à des groupes de victimes ainsi qu’à leurs avocats, Edgar Perez Archila et Human Rights Law Firm, représentant les victimes de CREOMPAZ. Les avocats, les victimes et les opérateurs de justice sont toujours victimes de harcèlement et de menaces en raison de leur travail contre l’impunité, les disparitions forcées et autres violations graves des droits humains.
Mexique : Deux ans après Ayotzinapa, toujours pas de justice et de vérité
Le 26 Septembre 2016 marquera les deux ans de la disparition forcée des 43 étudiants d’Ayotzinapa. Le 29 juillet 2016, suite à des réunions à Washington entre la Commission interaméricaine des droits de l’Homme, le gouvernement mexicain, les familles des disparus d’Ayotzinapa et les organisations qui les accompagnent, un Mécanisme de suivi spécial a été approuvé afin d’enquêter et de localiser les 43 étudiants. Auparavant, le secrétaire mexicain de l’intérieur a accepté la création d’un groupe au sein de la police fédérale qui sera exclusivement consacré à la protection des parents des étudiants qui effectueront des recherches pour leurs proches. En effet, les familles des 43 étudiants, ainsi que les étudiants actuels de l’École d’Ayotzinapa et les organisations qui les accompagnent – notamment l’organisation Tlachinollan accompagnée par PBI Mexique - ont subi de nombreuses menaces et intimidation.
Au Mexique, les disparitions forcées sont un véritable fléau, avec le chiffre officiel de 27 000 disparus, chiffre largement sous-estimé selon les organisations de droits humains. Une proposition de loi sur les disparitions est actuellement en discussion entre le gouvernement, les organes législatifs et la société civile.
Voir la vidéo réalisée par PBI Mexique sur Ayotzinapa.
Honduras: Assassinats et disparitions de militants LGBTI
Erick Alex Martínez Ávila est un leader étudiant, journaliste, militant des droits humains et membre du collectif LGBTI Kukulcán. Il était également un membre actif de la Table ronde pour la diversité sexuelle du Front national de résistance populaire. Erick a disparu le 5 mai 2012 et a été retrouvé mort deux jours plus tard, avec des signes de strangulation. Il avait pris part à une manifestation le 1er mai où il avait distribué des exemplaires d’un magazine exprimant une forte opposition au coup d’Etat de 2009. En février 2016, PBI Honduras a émis une alerte internationale suite aux meurtres de cinq militants LGBTI. De 2009 à 2016, plus de 200 meurtres de membres de la communauté LGBTI ont été enregistrés, avec un taux d’impunité extrêmement élevé : parmi les 200 cas enregistrés, seulement 33 ont abouti à une condamnation. PBI fournit un accompagnement protecteur pour l’Association Arcoiris qui travaille avec les communautés LGBTI à risque.