Aller au contenu principal

Guatemala : un pas en arrière pour la réalisation de la paix

Pour l’épisode du 20 Janvier du programme #ACERCATE, PBI Guatemala s’est entretenu avec Feliciana Macario, représentante de CONAVIGUA, Coordination Nationale des Veuves du Guatemala, sur la fermeture des institutions de paix, et ce que cela signifie pour les organisations de victimes du conflit armé interne.

 L’entretien peut être revu ici: https://www.youtube.com/watch?v=4Z1rE4cZdaI

De quoi s’agit-il ?

En 2020, le président Alejandro Giammattei a annoncé la fermeture définitive du Secrétariat à la paix (SEPAZ) et du Secrétariat aux Affaires Agraires (SAA), créés dans le cadre des Accords de Paix (1997), et aussi la fermeture de la Commission Présidentielle pour la Coordination de la Politique Exécutive sur les Droits de l’Homme (COPREDEH), qui chargée du suivi des résolutions et jugements du Système Interaméricain des Droits de l’Homme. Le 31 juillet, par un accord gouvernemental, le Président a dissous les trois institutions et a créé la COPADEH qui remplacerait les trois précédentes. En même temps, le gouvernement a également annoncé que le programme national de compensation (PNR), qui dépend de SEPAZ et qui est responsable de la réparation des dommages causés aux victimes des violations commises pendant le conflit armé interne, sera repris par l’administration du ministère de la Développement social (MIDES).

Ces institutions, en plus de remplir des fonctions fondamentales pour la réalisation des accords de paix, ont une valeur politique très importante, car elles représentent la volonté de l’État du Guatemala de reconnaître la tragédie du conflit armé, qui a duré plus de 36 ans, et que l’État a une responsabilité nationale et internationale pour les plus de 200 000 morts, le 45 000 disparus, un million et demi de déplacements forcés internes et les milliers de femmes victimes de violences sexuelles. Toutefois, le gouvernement a justifié la fermeture de ces trois institutions en raison de leur affaiblissement et du manque de personnel, causés par les politiques des gouvernements précédents.

Les organisations de victimes et les mouvements de défenseurs des droits humains accusent le gouvernement actuel de limiter et affaiblir les accords de paix, au lieu de proposer un plan pour le fortifier et reprendre le chemin de la paix, car il n’a pas présenté de plan alternatif pour la réalisation d’une paix sûre et durable. En outre, il faut considérer que cette décision a été pris dans une époque d’escalade des attaques contre les défenseurs des droits humains et contre les peuples autochtones qui protègent leurs terres, au moment même de la crise du COVID, qui rend encore plus difficile la lutte pour leurs droits. En 2020, la remilitarisation de l’état a continué, le pays a été maintenu sous un état d’exception permanent, la criminalisation contre les dirigeants sociaux et journalistes s’est intensifiée, et il y a une tendance à l’autoritarisme qui préoccupe l’organisation des défenseures des droits humains.

Ce que CONAVIGUA et les organisations de victimes du conflit dénoncent particulièrement, c’est le fait qu’elles n’ont pas été consultées par le gouvernement, avant de telles mesures. D’autre part, ces institutions ont été créées dans le cadre de la loi de réconciliation nationale (décret 145-96 du Congrès de la République) et de la loi-cadre des accords de paix (décret 52-2005) et le gouvernement n’a pas le pouvoir de les dissoudre au moyen d’un accord gouvernemental, car cela nécessite une réforme juridique qui correspondrait au Congrès de la République. Enfin, avec cette décision, l’État revient sur les petits pas en avant qui avaient été accomplis pour consolider la paix.

« Il est important de se rappeler que l’État du Guatemala a des obligations internationales qu’il ne peut pas omettre avec des justifications administratives. La Cour Interaméricaine des Droits Humains a prononcé 14 condamnations pour violations graves aux droits humains qui ont été commises pendant le conflit armé interne, et a ordonné à l’État du Guatemala d’enquêter, de poursuivre et de punir les responsables, réparer les dommages causés aux victimes et prendre des mesures juridiques et institutionnelles pour que ces types de violations ne se répètent pas. »

Nous recommandons le rapport d’Impunity Watch pour avoir plus d’informations sur les institutions de paix menacées de fermeture.

https://www.impunitywatch.nl/docs/PolicyBrief_LaPazEnRiesgo_Cierre_Instituciones_Paz1.pdf

G.P.

Plus d’information sur PBI Guatemala