Situation à Guerrero

PBI exprime sa profonde préoccupation pour la sécurité du Centre des droits de l’Homme de la Montagne Tlachinollan, accompagné depuis 2003, et des autres organisations et personnes défenseures des droits de l’Homme, en particulier la Red Guerrerense de Organizaciones Civiles de Derechos Humanos et le Centre régional des droits de l’Homme José Maria Morelos y Pavon, qui accompagnent les étudiants de l’Ecole normale rurale « Raul Isidros Burgos » d’Ayotzinapa et les familles des 43 étudiants disparus la nuit du 26 au 27 septembre 2014.

Les accompagnés de PBI nous ont alerté autour de deux évènements diffamatoires pour le travail de ces collectifs à Guerrero. D’une part, le gouverneur du Guerrero a fait des déclarations qui discréditent le travail de CDHM Tlachinollan. D’autre part, un supposé rapport d’intelligence du gouvernement mexicain aurait filtré dans certains médias de communication, accusant le Secrétaire technique de la Red Guerrerense d’avoir des liens avec un groupe guérillero. Comme indiqué par la Commission interaméricaine des droits de l’Homme, « les fonctionnaires publics doivent s’abstenir de faire des déclarations stigmatisant les défenseur.e.s des droits de l’Homme ou qui suggèrent que ces organisations agissent de manière irrégulière ou illégale, en raison de leur travail de promotion et défense des droits de l’Homme ».

Il faut souligner que ces trois organisations ont déjà été, par le passé, la cible de menaces et harcèlement, au sujet desquels PBI a déjà alerté la communauté internationale. La situation de Vidulfo Rosales est tout particulièrement préoccupante. Avocat et coordinateur du département légal de Tlachinollan, qui accompagne actuellement les familles des étudiants disparus, Vidulfo Rosales a dû quitter le pays temporairement en 2012 suite à des menaces liées à son travail avec l’Ecole normale rurale d’Ayotzinapa concernant des violations des droits de l’Homme commises contre les étudiants en 2011.

En parallèle, PBI observe avec préoccupation les présumées nouvelles détentions arbitraires effectuées dans le cadre des manifestations autour de l’affaire Ayotzinapa dans le District Fédéral et documentées par le Comité Cerezo, une organisation accompagnée par PBI depuis 2001. En mai, PBI avait observé une tendance croissante à la restriction du droit de manifester et de la liberté d’expression au Mexique. PBI exhorte le gouvernement mexicain à garantir et protéger les droits de manifestation, de réunion et la liberté d’expression reconnus au niveau international et national. De même, PBI appelle le gouvernement mexicain à reconnaître, protéger et promouvoir le travail des personnes défenseures des droits de l’Homme qui accompagnement direct ou indirectement les évènements survenus à Iguala fin septembre, ainsi que l’exigence de justice des familles de victimes et de la société mexicaine en général. PBI rappelle également l’obligation internationale qui pèse sur l’Etat mexicain afin qu’il mène à bien une enquête impartiale en accord avec les standards internationaux pour retrouver les 43 étudiants disparus et assurer que les responsables des faits soient traduits en justice devant le système judiciaire mexicain.

Pour plus d’information sur les diffamations contre CDHM Tlachinollan, la Red Guerrerense et CDH Morelos y Pavón: bit.ly/1zH7Dic

 Situation à Oaxaca

Entre le 2 et le 5 novembre, PBI Mexique a accompagné le Comité de défense intégrale des droits de l’Homme Gobixha (Código-DH) dans l’Isthme de Tehuantepec et a observé une des phases de consultation pour le développement du projet éolien de Eolicos del Sur (ex Mareña Renovables) dans la communauté zapotèque de Juchitán, Oaxaca. Dès que PBI a quitté la zone, plusieurs membres de l’Assemblée populaire du peuple Juchiteco (APPJ) ont rapporté avoir été l’objet de harcèlement et de menaces de mort. PBI exprime sa préoccupation face à ces incidents de sécurité qui font obstacle à la consultation et appelle les autorités mexicaines à assurer l’intégrité physique et psychologique des personnes défenseures des droits de l’Homme qui accompagnent ce processus.

Il faut souligner que selon Código-DH, le projet Marena Renovables devait auparavant être déployé dans la communauté Ikjoot de San Dionisio del Mar. Après que la communauté a obtenu un amparo agraire, la projet a dû être déplacé et prétend aujourd’hui s’implanter à Juchitan, une communauté où un conflit communautaire existe déjà autour de la construction d’un projet éolien développé par l’entreprise Gas Natural Fenosa. A Juchitan, des personnes ayant mis en doute le projet ou s’étant exprimées à son encontre, ainsi que des personnes ayant défendu les droits individuels et communautaires contre l’entrée du mégaprojet, en particulier les membres de l’APPJ, de la Radio communautaire Totopo et de Codigo-DH ont rapporté en diverses occasions avoir été la cible de harcèlement, menaces et agressions. En juillet 2014, PNI a alerté la communauté internationale sur les risques encourus par les défenseurs des droits de l’Homme qui accompagnent ce processus et tout spécialement sur les menaces téléphoniques reçues par Codigo-DH, organisation accompagnée par PBI depuis 2009. Amnesty International a également publié des actions urgentes à diverses reprises sur cette situation. Le processus de consultation actuel est l’un des premiers à intervenir dans l’Isthme de Tehuantepec autour de la construction d’un parc éolien. Afin qu’il soit légitime et en accord avec les standards internationaux, il est fondamental que l’intégrité physique et psychologique des défenseurs des droits de l’Homme qui y participent soit assurée.

Pour plus d’information, voir le communiqué conjoint Pro-DESC AC, Código-DH et PODER, l’action urgente de Código-DH, et le rapport de Código-DH, ProDesc et PODER sur la mission d’observation de la première semaine de consultation à Juchitan. 

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